La classification de l'autisme dans la CIM et le DSM

Evolution de l’autisme dans la CIM et le DSM
DSM-III (1980)

DSM-III-R (1987)

CIM-10 (1992)

DSM-IV (1994)
et
DSM-IV-TR (2000)

DSM-5 (2013)

Trouble Global du Développement
(en 1983)

Trouble Envahissant du Développement (en 1992)

Trouble Envahissant du Développement (en 1993)

Trouble Envahissant du Développement (en 1996)

Trouble du Spectre Autistique
(en 2013)

 

Autisme infantile

  • Syndrome complet
  • Syndrome résiduel

 

Trouble autistique

 

TED non spécifié

 

Autisme infantile

Autisme atypique

Syndrome de Rett

Autres troubles désintégratifs

Troubles hyperactifs avec retard mental et stéréotypies

Syndrome d’Asperger

TED sans précision

 

Trouble autistique

Syndrome de Rett

Troubles désintégratifs de l’enfance

Syndrome d’Asperger

TED non spécifié (dont autisme atypique)

 

Trouble du Spectre Autistique
(dont trouble autistique, troubles désintégratifs de l’enfance, syndrome d’Asperger et Ted non spécifié)

Syndrome de Rett

Trouble de la communication sociale (pragmatique)

Nous voyons que l’histoire de l’autisme est aussi celle de la complexité de sa caractérisation au sein d’autres troubles du développement de l’enfant.
La dernière version du DSM semble porter une réelle intention de faire converger des diagnostics multiples vers une appellation unique (Trouble du Spectre Autistique).
Pourquoi un tel choix ? Si une partie de la réponse est complexe et fait appel aux avancées de la neuropsychologie, une certaine logique sociale peut déjà être considérée.
Lors de son arrivée dans les nosographies, l’autisme (qui était alors uniquement celui de Kanner) était un trouble considéré comme rare et très caractérisé. Le nombre de cas recensés chaque année était réellement restreint, et chaque personne faisant l’objet de ce diagnostic le gardait la plupart du temps toute sa vie. Depuis quelques années, le nombre de personnes ayant reçu un diagnostic en lien avec un Trouble Envahissant du Développement n’a eu de cesse de se multiplier, avec des « glissements » de diagnostics de plus en plus remarquables au long de l’existence des personnes. De plus, la majorité des diagnostics portaient sur la catégorie « TED non spécifié », signe d’une difficulté de repérage, voire d’inadéquation de la classification avec la réalité clinique(1).

Y aurait-il donc plus de Troubles Envahissants du Développement actuellement qu’il n’y en avait au moment des observations de Kanner ? Ces derniers seraient-ils davantage sujets à transformation ? Cela pose en réalité la question des critères de diagnostic, pierre angulaire des ouvrages type DSM et CIM. Si Kanner avait décrit avec minutie ce qui devait orienter le diagnostic du praticien, les évolutions postérieures ont ajouté des critères peut-être plus larges, ou en tout cas davantage propices à « faux positifs ». Il pourrait également s’agir d’une conséquence de l’extrême complexité à caractériser les individus via des critères descriptifs supposés « universels »(2).
Qu’il s’agisse d’un problème de critère et/ou d’un meilleur repérage, les Troubles Envahissants du Développement ont prêté à une multiplication de diagnostics peu précis, ces derniers étant également moins stables qu’autrefois. La convergence des multiples appellations diagnostiques vers un syndrome unique « du spectre autistique » pourrait donc être une réponse apportée par l’APA à l’apparente désintégration de la stabilité diagnostique de l’autisme.
Un cas particulier est toutefois remarquable : la disparition du syndrome d’Asperger, qui devient un trouble parmi d’autres dans le spectre de l’autisme. Ce syndrome d’apparition tardive (1992 dans la CIM et 1994 dans le DSM) avait déjà prêté à controverse lors de son entrée dans les classifications. Certains auteurs considéraient qu’il s’agissait en réalité d’une variation de l’autisme, permettant au sujet de conserver certaines possibilités intellectuelles et langagières, et non un syndrome « à part ».
Par ailleurs, si certains syndromes sont génétiquement bien caractérisés (comme celui de Rett, ce qui explique son maintien hors des TSA), ce n’est pas le cas du syndrome d’Asperger, qui ne se différencie pas de l’autisme infantile à ce niveau. Ceci explique peut-être cette volonté de le « fusionner » à d’autres ; au sein de la catégorie générale des Troubles du Spectre Autistique.

A présent que cette évolution est globalement abordée, nous allons indiquer les critères indiqués dans le DSM et la CIM guidant le praticien pour poser ou non le diagnostic d’autisme. En premier lieu seront présentées les descriptions générales que l’on rencontre au sujet de l’autisme, puis les critères formels tels qu’ils existent au sein des nosographies.

(1) Une autre hypothèse, liée à la politisation des classifications internationales, a été évoquée dans une autre partie de ce dossier.
(2) Le fait que des médecins soient contraints de classer la plupart des individus dans la rubrique « divers », faute de pouvoir caractériser précisément ce qu’ils sont censés être, peut également être vu comme rassurant.