Introduction

La notion de développement psychoaffectif est liée au développement de la psychanalyse et aux différentes conceptualisations de son fondateur et de ses continuateurs.

Freud considérait en effet que les premières années de vie de l’être humain prêtaient au passage de stades successifs. Ces derniers, nommés « stades psycho-sexuels », seraient plus ou moins déterminés par une focalisation du fonctionnement psychique sur une zone érogène particulière.
Chaque stade a pu être décrit de deux manières différentes : la première en fonction de la zone érogène particulièrement investie, et la seconde en fonction des relations d’objets qui découleraient de cet investissement. Si la chronologie précise des stades prête à une variabilité interindividuelle, la personnalité de l’adulte dépendrait invariablement, elle, de la qualité du passage par chaque stade durant l’enfance.
Freud précisera qu’aucune personne ne résoudrait l’intégralité des problématiques incarnées par ces stades, ce qui générerait pour chacun des possibilités de « fixations » et de « régressions ».
La fixation est le fait de rester attaché à certains modes de satisfaction et à certaines structures de pensée propres au stade non résolu. Ces fixations appartiennent au registre du normal en cela qu’elles concernent tous les individus. C’est leur rigidité ou leur omniprésence dans la vie psychique de la personne qui peuvent éventuellement signer le passage dans la dimension du pathologique.
La régression, quant à elle, est vue comme pouvant apparaître chez la personne rencontrant un obstacle important dans sa vie. Elle se caractérise par le retour, au sein du fonctionnement psychique, d’éléments antérieurs non résolus lors des stades précédents. Cette régression peut être vue comme anodine (lorsqu’elle sert à mettre le psychisme à l’abri le temps de dépasser l’obstacle) ou comme pathologique (lorsque sa présence empêche le sujet d’avancer).

Il est bien évident que les stades psycho-sexuels sont des périodes fictives et d’une chronologie très approximative. Ils ne servent en finalité qu’à pointer de manière théorique les modalités particulières du fonctionnement psychique des personnes, perçues comme sujets en développement continuel. Le but est surtout de brosser un tableau de l’évolution de la pensée humaine, des stades les plus précoces (dès la naissance) à la fin du développement psycho-sexuel humain (la puberté).
Comment se construit la pensée ? Quelle est l’évolution du lien à soi-même et à l’autre ? Voici ce que Freud a tenté de décrire, et ce que ses continuateurs ont essayé de compléter et d’affiner par la suite.
Au sein de la pratique quotidienne concernant le polyhandicap, ce savoir particulier peut être utile au professionnel dans la mesure où il est souvent confronté à des problématiques très infantiles chez la personne en situation de handicap mental sévère. Le grand investissement affectif et les modalités particulières de contact relationnel de ces personnes supposent une bonne connaissance de ce genre de processus, pour les gérer de la manière la plus adaptée possible.

Les écrits suivants décriront chaque stade, de la naissance à la puberté. Les écrits de Freud serviront de base, et ceux de ses continuateurs viendront compléter les notions lorsque cela sera utile.