Qu'est-ce que la psychologie du développement?

Un champ de connaissance ancien
Le développement de l’être humain suscite un intérêt particulier depuis bien des années. Bien avant l’avènement de la psychologie en tant que champ spécifique, la philosophie s’était déjà donnée comme mission d’étudier la manière dont l’individu grandissait et acquérait ses connaissances (par exemple avec Platon, Locke et Rousseau).
Pour les psychologues, c’est l’avènement de la psychologie génétique qui a permis de formaliser cet intérêt. Cette branche de la discipline s’intéressait à la genèse, c'est-à-dire l’origine des diverses capacités et de leur évolution chez le sujet.
Au fur et à mesure, le terme de « génétique » a été remplacé par celui de « développement ».
Ce glissement linguistique a permis de lever la confusion qui pesait parfois entre la génétique (étude de la genèse) et la génomique (étude du génome).

Une distinction importante : la psychologie développementale et la psychologie de l’enfant
La psychologie développementale, si elle s’intéresse à l’enfant en tant que sujet en développement, n’est pas à confondre avec la psychologie de l’enfant à proprement parler.
La première s’intéresse aux modes de construction et de déploiement des connaissances, tandis que la seconde se consacre à l’enfant en tant que sujet. Il est possible de dire que la psychologie du développement, si elle souhaite dégager des lois générales de développement humain, doit s’intéresser à l’enfant et l’adolescent dans la mesure où c’est à ces âges de la vie que l’on peut voir de manière flagrante émerger un certains nombre de capacités. Cependant, l’enfant n’est pas vu comme individualité signifiante, mais plutôt en tant que porteur d’informations sur la manière dont l’espèce se développe.

Les théories du développement
Au niveau psychologique, trois grandes théories ont successivement vu le jour :

Le préformisme : les connaissances et capacités ont une « préforme » innée. Le sujet en développement se contente donc, grâce à la maturation de son système nerveux, d’utiliser des connaissances de plus en plus complexes déjà potentiellement présentes mais disponibles avec délai.
L’environnementalisme : le développement dépend du milieu dans lequel se situe le sujet. C’est une théorie dite « d’épigenèse ».
Le constructivisme : le développement est la résultante de l’interaction entre les structures internes du sujet et de l’influence de l’environnement.

Actuellement, la psychologie tend à favoriser les théories constructivistes, dans la mesure où elles font coïncider les théories préformistes et environnementales dans une approche intégrée.
La psychologie cognitivo-comportementale est par exemple très liée à ce type d’approche.

Dans l’objectif qui est le nôtre, la psychologie développementale trouve un intérêt particulier.
Connaître les lois de développement, c’est posséder une grille de lecture supplémentaire pour comprendre l’adulte polyhandicapé. Il s’agit de ne pas oublier qu’un adulte est avant tout un enfant qui a grandit.
Ce développement de l’enfant n’est pas standardisé : des écueils et des singularités créent une évolution plus ou moins harmonieuse au fil des années.
Comment accompagner quelqu’un sans pouvoir lui proposer des outils adaptés à son mode d’acquisition des connaissances ? Comment se rendre compte des difficultés qu’il rencontre dans ses rapports à l’environnement, si l’on ne possède pas de repères théoriques sur les différentes étapes qu’il a pu traverser étant enfant ?

L’accompagnement d’une personne porteuse de polyhandicap suppose donc une bonne connaissance des théories de référence sur le développement de l’humain, afin de pouvoir construire d’un œil averti des procédures d’accompagnements au plus près de « l’endroit où il se trouve ».