Le handicap invisible

Le handicap invisible regroupe l’ensemble des troubles cognitifs et des troubles du comportement survenant à la suite d’une lésion cérébrale.

On dit que ces troubles sont invisibles car, comparé au handicap physique qui se voit de l’extérieur, le handicap invisible n’est pas toujours repéré par une personne avertie ou peut même être considéré comme une mauvaise volonté de la personne.

Selon le professeur P. Azouvi, les troubles cognitifs sont « des troubles des fonctions cérébrales supérieures provoqués par une lésion du cerveau (traumatisme crânien, AVC, anoxie…). Les fonctions cérébrales supérieures correspondent aux fonctions contrôlant le comportement et l’interaction de l’individu avec son environnement : langage, intégration des informations sensorielles, organisation de la gestualité, mémoire, attention, fonction exécutive ».

Suite aux lésions cérébrales, les troubles de ses fonctions cognitives ne permettent plus à la personne atteinte de réaliser correctement les actes simples et/ou complexes de la vie quotidienne dont elle avait l’habitude avant. Ce handicap cognitif peut-être suffisant pour rendre une personne dépendante dans sa vie quotidienne.

La particularité du handicap cognitif, lorsqu’il a lieu suite à une lésion cérébrale, c’est qu’il inscrit la personne dans la perte et le manque : la perte de ses fonctions et le manque de ses moyens pour faire face aux situations de vie et résoudre les problèmes au quotidien.

L’expression des troubles cognitifs dépend de l’âge lors de la survenue des lésions, de la nature des lésions mais également des habitudes de vie antérieures.

Voici les troubles les plus fréquemment observés :

- Les troubles du langage : manque du mot, logorrhée ou au contraire aphasie, prosodie altéré, difficulté à comprendre les subtilités du langage.

- Les troubles gnosiques : troubles qui altèrent les connaissances et les processus de traitement de l’information qui sont perçus par les 5 sens. Le plus fréquent est l’agnosie visuelle: la personne ne reconnait plus les objets, parfois les visages (prosopagnosie) alors que la vue fonctionne parfaitement.

- Les troubles praxiques : expression d’un dysfonctionnement cérébral, sans atteinte motrice. La personne présente des difficultés pour s’habiller ou manger (apraxie idéatoire). Elle ne sait plus comment se servir des objets de la vie quotidienne (fourchette, peigne…) ou recopier un dessin (apraxie constructive).

- Les troubles attentionnels : le maintien de la concentration est nettement diminué,
grande distractibilité et impossibilité à réaliser deux tâches en même temps.

- Les troubles des fonctions exécutives : Les fonctions exécutives, c’est l’ensemble des
processus permettant un comportement dirigé vers un but, flexible et adapté au
contexte : capacité d’adaptation, raisonnement, jugement, planification, organisation
de stratégie. On appelle cet ensemble de troubles le « syndrome dysexecutif », anciennement syndrome frontal.

- Les troubles mnésiques : atteinte de la mémoire antérograde (mémoire des faits
après l’accident) et rétrograde (mémoire des faits avant l’accident).

- Les troubles du comportement : les troubles comportementaux constituent la
première plainte des familles tant ils perturbent l’équilibre familial et social. Ils
s’expriment soit sur un versant désinhibé (manque de contrôle de soi, impulsivité)
soit sur un versant inhibé (repli sur soi et manque d’initiative).

Il est important d’avoir recours à une évaluation neuropsychologique afin d’évaluer les
différents troubles qui composent le handicap invisible. Cela permet par la suite d’adapter
l’environnement, de mettre en place des aides et surtout de mieux anticiper les réactions
des personnes atteintes par ce handicap.